« Blanche prend son livre, l’ouvre au hasard et, comme elle le fait chaque soir, savoure les quelques lignes de Victor Hugo qui s’offrent à ses yeux fatigués. Celles-ci sont dédiées à la mémoire de Léopoldine, sa fille tant aimée qui s’était noyée dans la Seine à l’âge de dix-neuf ans. Le poète ne s’en était jamais remis mais cet événement tragique lui aura sans doute inspiré ses plus beaux poèmes. [...]
« Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin/De venir dans ma chambre un peu chaque matin;/ Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;/ Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père;/Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait/ Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,/ Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe./ Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,/ Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,/ Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent/ Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,/ Et mainte page blanche entre ses mains froissée/ Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers./ Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,/ Et c'était un esprit avant d'être une femme./ Son regard reflétait la clarté de son âme./
Elle me consultait sur tout à tous moments./ Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants/ Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,/ Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère/
Tout près, quelques amis causant au coin du feu!/ J'appelais cette vie être content de peu!/ Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste!/ Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste;/ J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux/ Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux. » » #FrédéricLenoir « La consolation de l’ange » @editionsalbinmichel @auteurs_presse
« « Assez » est le mot que je veux te donner pour t’accompagner dans ton voyage, a-t-elle murmuré. Assez de soleil pour illuminer tes jours, assez de pluie pour apprécier le soleil, assez de joie pour nourrir ton âme, assez de peines pour savoir profiter des petits plaisirs et assez de rencontres pour savoir dire adieu. » Sofia Lundberg « Un petit carnet rouge » #livredepoche , p.51
Un jour, une citation:
J’ai appris le français à l’aide des livres de la bibliothèque et d'un dictionnaire. J'ai commencé par les moins épais et j'ai continué, volume après volume. Tous ces ouvrages merveilleux qui m'ont tant appris sur la vie et le monde. L'Europe, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique étaient réunies sur ces étagères. Tous les pays, leurs parfums, leur climat, leur culture. Et leurs habitants. Ils vivaient dans des mondes différents et pourtant, ils étaient semblables. Remplis de peurs, de doutes, de haine et d'amour.Comme nous tous. […] J'aurais pu rester là pour toujours. Ma place était au milieu des livres, c'était parmi eux que j'étais heureuse. #SofiaLundberg " Un petit carnet rouge", #Livredepoche, p.65
Un jour, une citation:
Je crois qu'il est préférable de laisser courir sa plume. Oui, les souvenirs viennent au fil de la plume. Il ne faut pas les forcer, mais écrire en évitant le plus possible les ratures. Et dans le flot ininterrompu des mots et des phrases, quelques détails oubliés ou que vous avez enfouis, on ne sait pourquoi, au fond de votre mémoire remonteront peu à peu à la surface. Surtout ne pas s'interrompre, mais garder l'image d'un skieur qui glisse pour l'éternité sur une piste assez raide, comme le stylo sur une page blanche. Elles viendront après les ratures.#PatrickModiano "Encre sympathique" #Gallimard