Si on pouvait avoir un peu de patience, on épargnerait bien du chagrin; le temps en ôte autant qu’il en donne. Vous savez que nous le trouvons un vrai brouillon, mettant, remettant, rangeant,dérangeant, imprimant, effaçant, approchant, éloignant, et rendant toutes choses bonnes et mauvaises, et quasi toujours méconnaissables. Il n’y a que notre amitié que le temps respecte et respectera toujours. Mais où suis-je, ma fille? voici un étrange égarement, car je veux dire simplement que la poste me retient vos lettres un ordinaire, parce qu’elle arrive trop tard à Paris, et qu’elle me les rend au double le courrier d’après : c’est donc pour cela que je me suis extravaguée, comme vous voyez. Qu’importe? En vérité, il faut un peu, entre bons amis, laisser trotter les plumes comme elles veulent: la mienne a toujours la bride sur le cou. Madame de Sévigné «Lettre à Madame de Grignan « du 24 novembre 1675 (Pléiade, tome 2, lettre 451, p.169-170)
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