… j’écris, avec une abondance, une liberté inexplicables. J’écris sur des guéridons boiteux, assise de biais sur des chaises trop hautes, j’écris, un pied chaussé et l’autre nu, mon papier logé entre la plateau du petit déjeuner et mon sac à main ouvert, parmi les brosses, le flacon d’odeurs et le tire-bouchon; j’écris devant la fenêtre qui encadre un fond de cour, ou les plus délicieux jardins, ou des montagnes vaporeuses… Je me sens chez moi, parmi ce désordre de campement, ce n’importe où et ce n’importe comment, et plus légère qu’en mes meubles hantés… Colette « La Vagabonde »
(Photo: Vieille Bourse, Lille)