La lecture achevée, les pages n’ont plus besoin d’être marquées, mais, nulle inadvertance, on n’oublie pas ce qu’on laisse dans les livres. On le laisse là sciemment, pour le retrouver plus tard, ou pour qu’il soit trouvé plus tard, quand on rouvrira le livre et qu’il exhalera, sous la forme de ce vestige pauvre, un fragment du passé, ou le souvenir d’un être cher. Ces bribes modestes de réel transforment les livres en herbiers, en albums, en écrins. Boîtes à moments. Memento mori. Bouteilles à la mer. Capsules de temps. A l’échelle de la bibliothèque, chaque livre joue ce même rôle. Eloïse Lièvre « Notre dernière sauvagerie » Fayard, p.306
(Photo: Librairie Nijinski, Bruxelles)