Je voudrais qu’on m’emporte ailleurs. Très loin d’ici, dans un style bien tourné. Je voudrais qu’on me raconte une histoire. Je voudrais de belles phrases et des baisers enflammés. Je voudrais un feu de cheminée, je voudrais des chaussons fourrés et du suspense, je voudrais de l’aventure, je voudrais du doute, de l’introspection et un vent chargé d’embruns. Du crépuscule et de la mousse humide, de la passion et du mystère, je voudrais des pirates et des dragons, je voudrais un plancher qui craque, une étoffe qui bruisse, je voudrais un drame terrible et un dénouement superbe, je voudrais de l’exaltation, je voudrais des larmes et que tout ça sente l’encre, l’océan, la sueur, le sous-bois et la fumée. Donnez-noi tout de suite un livre, et à la rigueur une biscotte pour grignoter avec. Clémentine Mélois “Dehors, la tempête” Grasset, p.146-147
(Photo : Librairie Tropismes, Bruxelles)